Numéro 143

Présentation

Sarah Boucher-Guèvremont, T.S., M.Sc, Rédactrice en chef, Revue Intervention

La contribution des travailleurs sociaux à la réduction des inégalités sociales de santé

Les inégalités tuent à grande échelle et malgré tous les investissements dans ce domaine, l’amélioration des soins de santé et des modes de vie ne pourra corriger la situation. Les inégalités sociales de santé pourraient toutefois être réduites, car elles sont principalement le fruit des circonstances dans lesquelles les individus grandissent, vivent, travaillent et vieillissent. L’intervention doit plutôt porter sur les déterminants sociaux de la santé et favoriser l’équité en santé. Cet article présente les mécanismes de création des inégalités sociales de santé et propose une analyse de la problématique, avant d’exposer les stratégies d’intervention recensées dans la littérature et d’amorcer une discussion sur le rôle des organisations et des professionnels, pour conclure sur une réflexion sociale et politique.

André-Anne Parent, T.S., Ph.D., Professeure, École de service social, Université de Montréal

Denis Bourque, Ph.D., Professeur, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais, Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire (CRCOC)

Des femmes en situation de pauvreté au Nouveau-Brunswick : prendre en charge sa santé en contexte de ruralité

Cet article porte sur une étude qualitative effectuée auprès de femmes pauvres vivant en milieu rural et côtier en Acadie, Nouveau-Brunswick. Plus précisément, les récits de vie recueillis auprès de 17 femmes ont permis de comprendre les défis qu’elles rencontrent dans la prise en charge de leur santé. À travers leur discours, il est possible de saisir que la pauvreté, le niveau d’alphabétisme et la ruralité influent sur leur trajectoire et leurs expériences singulières en matière de santé, ce qui met en lumière certaines inégalités sociales dont elles font l’objet. Il importe de reconnaître que ces inégalités sont fondamentalement structurelles afin d’éviter le recours à des stratégies d’intervention qui réduisent l’analyse de la situation de ces femmes à des dimensions individuelles et qui contribuent à la perpétuation des inégalités sociales. Les pistes d’action à cet égard doivent donc s’inscrire dans des initiatives intersectorielles intégrant des projets ancrés dans les communautés. Ces interventions nécessitent l’engagement des gouvernements dans la promotion d’une société juste et équitable.

Lise Savoie, Ph.D., Professeure, École de travail social, Université de Moncton

Isabel Lanteigne, Ph.D. (c.), Professeure, École de travail social, Université de Moncton

Hélène Albert, Ph.D., Professeure, École de travail social, Université de Moncton

Isabelle Robichaud, Ms.s. (c.), Assistante de recherche, École de travail social, Université du Québec à Montréal

Le témoignage comme stratégie d’intervention sociale et culturelle : l’expérience de personnes vivant avec le VIH/sida

Cet article part de l’idée selon laquelle l’environnement social des personnes vivant avec le VIH/sida [PVVIH] est caractérisé par une obligation de se dévoiler, sous peine de sanction criminelle, et par une normalisation paradoxale. Le VIH/sida est à la fois banalisé et fortement stigmatisé. Nous présentons ensuite les résultats d’entrevues avec des personnes ayant une expérience du témoignage public de leur vécu. Nous dégageons la nécessité de prendre en compte l’expérience du témoignage comme stratégie d’intervention sociale et culturelle en ce qu’il peut favoriser le pouvoir d’agir, la participation citoyenne et l’inclusion sociale. En conclusion, des balises concernant l’accompagnement social au témoignage sont énumérées dans l’optique d’amenuiser les risques personnels et collectifs encourus par les personnes témoins.

Nengeh Maria Mensah, Ph.D., Professeure, École de travail social, Université du Québec à Montréal

Tableau de bord des communautés de l’Estrie : mieux connaître pour mieux agir!

Au Québec, un patrimoine d’expériences en développement des communautés s’est constitué avec les années, aidé en cela par la reconnaissance gouvernementale qu’il s’agit d’une stratégie pertinente pour intervenir face aux inégalités sociales de santé. Cet article a pour objectif de présenter une expérience en développement des communautés dans la région de l’Estrie. Depuis 2008, l’Observatoire estrien du développement des communautés, en collaboration étroite avec la Direction de la santé publique de l’Estrie, coordonne une démarche intersectorielle d’animation à partir d’un Tableau de bord des communautés de l’Estrie comportant des données quantitatives et des données qualitatives. Une recherche interventionnelle a révélé que son principal effet est en amont, sur la planification des actions, la vision du territoire et la vision commune des problèmes et des solutions. Lorsque les acteurs se l’approprient, le potentiel de cette animation d’agir sur la qualité de vie des communautés est bien présent.

Paul Morin, Ph.D., Professeur, École de travail social, Université de Sherbrooke et Directeur scientifique, Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux CIUSSS-Estrie-CHUS

Jean-François Allaire, M.Sc, Agent de recherche, Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux du CIUSSS de l'Estrie - CHUS

Jacques Caillouette, Ph.D., Professeur, École de travail social, Université de Sherbrooke

Jerry Espada, Agent rural, CLD du Haut-Saint-François (Estrie)

Claude Charpentier, Ph.D., Professeur, Département de psychologie, Université Bishop's

Jeannette LeBlanc, Ph.D., Professeure, Département de psychologie, Université de Sherbrooke

Maryse Ruel, T.S., Organisatrice communautaire, CIUSSS de l'Estrie - CHUS, installation CSSS-IUGS

Multiplier les modèles d’habitation innovants pour une meilleure santé des aînés et des communautés

Le logement représente un déterminant social majeur de la santé des populations, particulièrement pour les aînés en perte d’autonomie. Dans un contexte de transformation des résidences privées pour aînés et du vieillissement de la population québécoise, la question de l’habitation devient névralgique pour les aînés et les communautés. Cet article dresse un portrait de la situation québécoise dans le domaine de l’habitation pour aînés, et décrit cinq modèles d’habitation, inspirés d’ici et d’ailleurs, qui pourraient s’intégrer au paysage québécois et répondre aux défis qui se profilent à l’horizon. Ces cinq modèles ont en commun de permettre aux aînés de vieillir dans leur communauté.

Christyne Lavoie, M.Sc. (c.), École de travail social, Université de Sherbrooke

Mario Paris, Ph.D., Professionnel de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS-Estrie-CHU

Suzanne Garon, Ph.D., Professeure, École de travail social, Université de Sherbrook

Paul Morin, Ph.D., Professeur, École de travail social, Université de Sherbrooke et Directeur scientifique, Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux CIUSSS-Estrie-CHUS

Entrevue avec Paul Bywaters, fondateur du Social Work and Health Inequalities Network (SWHIN)

Fondé par vous-même et la Dre Eileen Mcleod, le Social Work and Health Inequalities Network (SWHIN) a vu le jour lors de la quatrième Conférence internationale sur la santé et la santé mentale qui s’est tenue ici même à Québec en 2004. Ce réseau a pour objectif de s’attaquer aux causes et aux conséquences des inégalités dans le domaine de la santé. Le SWHIN est un réseau international rassemblant des chercheurs et des praticiens en travail social, et il compte environ 500 membres répartis dans plus de 25 pays. Si nous remontons aux origines du SWHIN, pouvez-vous nous parler des principales raisons qui ont motivé sa création? Pourriez-vous également nous faire part de vos remarques quant au rôle que jouaient à l’époque les travailleurs sociaux dans la réduction des inégalités dans le domaine de la santé ?

Déterminants sociaux de la santé et exercice de la parentalité : regard sur le vécu des parents ayant un trouble mental

Les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale sont, comme le reste de la population, parents d’enfants. Au cours de leur vie, des parents peuvent également en venir à éprouver de tels problèmes de santé. Cet article a pour objectif de mettre en relief certains déterminants de la santé jouant un rôle prépondérant dans l’exercice du rôle parental dans ces conditions. Il présente les résultats d’une recherche visant à mieux comprendre ce qui aide et ce qui nuit à l’exercice du rôle parental chez les personnes ayant des troubles mentaux. Les résultats émanent d’une analyse de contenu de trente entrevues réalisées auprès de parents atteints d’un trouble mental recevant des services d’une clinique de psychiatrie. Le cadre conceptuel du processus de production du handicap a été utilisé afin de porter un regard sur les interactions entre les facteurs personnels et les facteurs environnementaux influençant la capacité à fournir les soins ou agissant sur la satisfaction des besoins de leurs enfants. Nous verrons ici l’influence déterminante de l’interaction de ces facteurs sur le rôle parental, lesquels servent aussi de catalyseurs au développement d’autres difficultés psychosociales dans ces familles.

Marc Boily, T.S., Ph.D., Professeur, Département de psychosociologie et de travail social, Université du Québec à Rimouski

Gilles Tremblay, T.S., Ph.D., Professeur, École de service social, Université Laval

Myreille St-Onge, Ph.D., Professeure, École de service social, Université Laval

Nicole Héon, T.S., Auxilliaire de recherche, Université du Québec à Rimouski

Les hommes à faible revenu et les barrières aux services sociaux et de santé : des défis pour le réseau des services

Cet article porte sur les hommes à faible revenu et leur rapport aux services ainsi que sur les barrières à la demande de services chez ce groupe d’hommes. Les résultats d’un récent sondage effectué auprès d’un échantillon représentatif de 2 084 hommes répartis dans les différentes régions du Québec (Tremblay et al., 2015) servent de matériel de base. Selon les résultats, les hommes à faible revenu épousent, pour l’essentiel, les mêmes tendances générales que les autres hommes dans leur rapport aux services. Cependant, certains traits spécifiques caractérisant ce groupe d’hommes sont mis en évidence. L’appartenance à des cultures populaires et un type de socialisation masculine plus traditionnelle comptent parmi les facteurs expliquant un moindre recours à l’aide et aux services. Enfin, la gratuité des services serait un enjeu plus important pour eux. L’intérêt principal des résultats pour l’intervention repose sur l’identification des barrières les plus significatives à l’aide et aux services chez les hommes à faible revenu.

Sophie Dupéré, Professeure en santé communautaire, Faculté des sciences infirmières, Université Laval

Jacques Roy, Ph.D., Sociologue-chercheur, Équipe Masculinités et Société, Université Laval

Gilles Tremblay, T.S., Ph.D., Professeur, École de service social, Université Laval

Jean-Yves Desgagnés, Ph.D. (c.), Intervenant en intervention collective, Université du Québec à Rimouski, Campus Lévis

David Guilmette, Ph.D. (c.), Coordonnateur scientifique, Équipe de recherche Masculinités et société, Université Laval

Justin Sirois-Marcil, T.S., Travailleur social à AutonHommie

Revisiter sa famille à travers l’utilisation de la sculpture familiale

La sculpture familiale constitue un dispositif créateur qui permet d’explorer les enjeux relationnels au sein des systèmes humains. Cette technique, utile dans le travail auprès des familles, s’avère tout aussi utile dans le cadre de groupes de formation d’intervenants. Le présent article propose un bref rappel des concepts qui sous-tendent cette technique, en expose brièvement l’utilisation avec les familles, puis s’attarde à l’application auprès d’un groupe d’intervenants en formation. Ce dernier dispositif sera commenté, et l’article abordera enfin les effets et le rôle de l’animateur dans l’usage de cet outil d’intervention.

Lyne Douville, Ph.D., T.C.F., Professeure, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières

Jean-Luc Lacroix, T.S., T.C.F., Travailleur autonome

Rôles et défis actuels des travailleurs sociaux en gérontologie dans le réseau public du Québec

Le vieillissement démographique et les réformes du réseau de la santé et des services sociaux amorcées depuis février 2015 poussent les intervenants sociaux, ainsi que tous les professionnels du réseau, à se questionner sur leur pratique tout en s’adaptant aux problématiques émergentes entourant les aînés. Par contre, devant les enjeux et les défis de taille qui semblent rester entiers dans ce contexte de réformes, peu d’écrits mettent en lumière le travail social gérontologique. Cet article vise à décrire le rôle des intervenants sociaux (techniciens en travail social, travailleurs sociaux et gestionnaires de cas travailleurs sociaux) œuvrant auprès de la clientèle âgée en contexte de centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) ou de centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS), ainsi que discuter de certains enjeux et défis inhérents à cette pratique.

Caroline Pelletier, T.S., Ph.D. (c.), Chargée de cours, École de travail social, Université de Sherbrooke et Gestionnaire de cas, CIUSSS de l’Estrie-CHUS

Marie Beaulieu, Ph.D., Professeure titulaire, École de travail social, Université de Sherbrooke et Titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées, Centre de recherche sur le vieillissement, CSSS-IUGS

Le repérage et la référence de clientèles masculines aux prises avec des comportements violents : quelques pistes d’actions pour les intervenants

Considérant qu’au moment de consultations psychosociales, les hommes ayant des comportements violents définissent très peu la violence comme le motif de consultation principal, la capacité des intervenants à repérer et à référer ces hommes vers des ressources d’aide spécialisées pour conjoints aux comportements violents apparaît primordiale. Le présent article vise à rendre compte d’un projet de recherche réalisé en Montérégie dont le but était de créer, en concertation avec des intervenants de première ligne du réseau de la santé et des services sociaux, un outil clinique visant à faciliter le repérage et la référence de potentielles situations de violence conjugale auprès des clientèles masculines. Concrètement, il y est question des éléments utilisés par les intervenants pour repérer les situations de violence conjugale, des stratégies utilisées pour aborder la question de la violence et de l’outil réalisé.

Éric Couto, T.S., Ph.D. (c.), École de service social, Université Laval, Chargé de cours, Université de Montréal et Université du Québec en Outaouais

Mario Trépanier, Coordonnateur et intervenant, Organisme Via l’anse

Pierre Turcotte, T.S., Ph.D., Professeur, École de service social, Université Laval, Membre du Centre de recherche sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF)

Piste de lecture : Pauvreté et problèmes sociaux

Un outil précieux pour mieux comprendre la complexité entourant le phénomène de la pauvreté

Jocelyn Vinet et Danielle Filion,, en collaboration avec Lucie Dumais et Louis Gaudreault.

Ginette Rousseau, Professeure, Techniques de travail social, Cégep du Vieux Montréal

Piste de lecture: La théorie du parcours de vie. Une approche interdisciplinaire dans l’étude des familles

Depuis une quinzaine d’années, la théorie (ou perspective) du parcours de vie intéresse un nombre toujours grandissant de chercheurs et de praticiens. Cette théorie propose de comprendre le développement humain en fonction de l’intentionnalité des individus, ainsi que des contextes sociaux et historiques dans lesquels ils évoluent. Ana Gherghel, sociologue et chercheure, et Marie-Christine Saint-Jacques, travailleuse sociale et professeure-chercheure à l’Université Laval, présentent dans ce court ouvrage une synthèse introductive à la théorie ainsi qu’un guide de son utilisation dans les études sur la famille. Bien qu’elle cible principalement les milieux universitaires et scientifiques, la présentation des auteures pourra à notre avis tout autant intéresser les cliniciens œuvrant auprès des couples et des familles.

Ana Gherghel et Marie-Christine Saint-Jacques,

Emmanuelle Turcotte, Ph.D. (c.), Département de sociologie, Université du Québec à Montréal