Numéro 148

« Le groupe, c’est ma famille » : la famille choisie selon l’intersectionnalité poststructurelle et l’approche informée par le trauma auprès d’un groupe pour minorités sexuelles et de genre migrantes

RÉSUMÉ :

La littérature souligne la pertinence du groupe pour contrer les effets délétères des oppressions auxquelles font face les minorités sexuelles et de genre migrantes. Dans le cadre d’un stage de maîtrise, l’auteure a codéveloppé un groupe d’aide mutuelle pour cette population. L’idée d’une famille choisie est vite devenue un ancrage au sentiment d’appartenance des membres. Cet article aborde cette question en se penchant sur l’apport des perspectives intersectionnelle, poststructurelle et informée par le trauma pour la prendre en compte. Il avance que l’intersectionnalité poststructurelle permet d’accueillir la famille choisie tout en accompagnant les membres dans la déconstruction des dynamiques de pouvoir qui la façonnent et des besoins auxquels elle répond. Il propose aussi l’adoption pragmatique d’une approche informée par le trauma pour tenir compte des réactions traumatiques dans ce processus. Enfin, il souligne l’importance d’approfondir les recherches en travail social sur l’approche informée par le trauma en groupe, et met de l’avant les groupes d’aide mutuelle critiques comme portes d’entrée vers l’action collective pour prévenir et composer avec le trauma.

MOTS-CLÉS :

Aide mutuelle, trauma, poststructuralisme, intersectionnalité, LGBTQ, migrantes


ABSTRACT:

The literature underlines the relevance of groups in countering the negative effects of oppressions faced by migrants from sexual and gender minorities. Within the context of a master’s internship, the author co-developed a mutual aid group for this population. The idea of a chosen family quickly became an anchor to members’ sense of belonging. This article explores the contribution of poststructural intersectional and trauma-informed perspectives for taking chosen families into account. It puts forward that poststructural intersectionality allows us to welcome the idea of a chosen family while accompanying members in deconstructing the power dynamics that shape it and the needs to which it responds. It also suggests the pragmatic adoption of a trauma-informed perspective for taking traumatic reactions into account throughout this process. Finally, it underlines the importance of furthering social work research on the trauma-informed approach in groups, and suggests critical mutual aid groups as gateways towards collective actions for preventing and coping with trauma.

KEYWORDS:

Mutual aid, trauma, poststructuralism, intersectionality, LGBTQ, migrants