Numéro hors-serie-1

« Hamare ne veut plus de son logement » : la question de l’habitat déshabité en situation de confinement

RÉSUMÉ :

Dans cet article, je souhaite explorer les mutations de l’espace de l’entretien social à travers les remaniements du rapport à l’habitat qu’a entraînés la crise sanitaire liée au virus de la COVID-19. Je souhaite explorer en quoi la situation de confinement a parfois déployé tout un imaginaire de l’occupation idéale d’un logement, mobilisant les assistants de service social et les personnes accompagnées autour de repères communicationnels à coconstruire – une dimension de l’accompagnement qui donnera tout son sens aux mots latins cum et panis dont il tire son origine, en cela qu’il signifie « qui mange le pain avec  ». À travers le récit de pratique issu de la situation sociale d’Hamare, qui souhaite en pleine épidémie vendre son logement et obtenir rapidement un nouvel appartement, j’étayerai la question de « l’habitat déshabité », que je définis comme l’éprouvé d’un environnement habitant insécure et incertain. Nous explorerons ainsi en quoi la dynamique « écoute, voix, regard » du tressage relationnel de l’entretien social permettra d’être « en présence » à distance pour soutenir son rayonnement dans l’accompagnement socioéducatif des problématiques liées au logement en situation de confinement.

MOTS-CLÉS :

Confinement, service social du personnel, télétravail, habitat déshabité, travail social rhizomique, travail social filicide 

ABSTRACT: 

In this article, I wish to explore changes in the setting of the social interview as seen through the change in a person’s relationship with his living environment as a result of the COVID-19 health crisis. I wish to explore how confinement has sometimes given rise to visions of the ideal occupation of a dwelling, mobilizing social service assistants and their clients around communication guidelines for building together. This accompaniment gives full meaning to the Latin words cum and panis from which it comes, i.e. “who eats bread with”. Through a recounting of the case of Hamare, who wishes, in full pandemic, to sell his housing unit and quickly obtain a new one, I will present the concept of “uninhabited housing”, which I define as the experience of an insecure and uncertain living environment. In the process, we explore how the dynamics of “listening, voicing, looking” play in weaving relationships through the social interview, allowing us to stay in touch from a distance and provide socio-educational support on issues relating to housing during confinement.  

KEYWORDS: 

Confinement, social service of staff, telework, uninhabited housing, rhizomic social work, filicide social work